Né le 3 mai 1896 à Paris de parents suisses et protestants, Marcel était le second d’une fratrie de quatre enfants. Son père était comptable chez Lucien Lelong, une maison de haute couture ; c’est peut-être ce qui conduisit le jeune Marcel à devenir chapelier après son CEP obtenu à 16 ans. C’était un jeune homme cultivé qui adhéra en 1913 au syndicat des ouvriers et ouvrières en chapellerie affilié à la toute récente CGT. Il se sentait proche des Libres Penseurs, mouvement matérialiste du XIXe dont Ludwig Bruchner auteur de « Force et matière » était l’un des piliers.
Refusé une première fois au conseil de révision en 1914 pour faiblesse de constitution et pieds plats, il fut accepté au cours de l’été 1916 suite à une nouvelle demande et partit faire ses classes au 2e BCP à Troyes. A sa sœur Madeleine, sa cadette avec laquelle il entretenait des liens privilégiés, il répondit ceci quant à la perspective de la mort : « La mort est représentée comme une horreur depuis des siècles parce que l’être physique finit en pourriture. Et après ? A mon avis il ne faut pas voir dans la mort cette chose répugnante qu’est la charogne (il ne faut pas avoir peur des mots vrais) mais uniquement le terme, la fin, de la Vie (…) » et il poursuivit avec une évocation de « Quo Vadis ».
A ma sœur chérie
Sentiments fraternels
Marcel
11 février 1917
C’est à cette sœur qu’il pensait en écrivant « Aux lettres là’ddans » qui est reproduite dans la section poésie. Ce texte rempli de sensibilité et de justesse qui montre à quel point le courrier était un lien vital avec les familles sans lequel le moral n’allait pas. Pour sa part Marcel Cavin écrivit presque tout les jours et reçut autant de réponses. Il n’eut la joie de revoir les siens qu’au cours de quatre permissions dont la dernière se déroula du 7 au 23 janvier 1918.
Marcel en 1917 (1er rang à droite) très fier d’exhiber son Lebel 07/15
à chargeur de trois coups dont il fait l’éloge dans une lettre.
Marcel (au centre) en tenue de campagne en 1917.
En juin 1917 il fut affecté au 19e BCP qui tenaient les lignes dans les Vosges. Le secteur était relativement calme mais l’hiver fut éprouvant à cause de la pluie et du froid. En Picardie l’offensive allemande se développait et des troupes furent rameutées en toute hâte pour aveugler la brèche. Marcel s’inquiétait de pouvoir tenir sa famille au courant de son sort et leur indiqua ce stratagème qui devait être assez répandu pour éviter le censure :
Lundi 26 mars 1918
(…) D’après les dernières nouvelles nous embarquons demain dans la matinée. Nous ne savons pas pour où mais si cela m’est possible je vous le ferez savoir. Comme les lettres sont de plus en plus censurées je vous mets celle-là par la poste civile, je risque moins de la voir rester en route. Pour vous donner des détails sur l’endroit où je serais vous noterez toutes les lettres biffées par des fautes d’orthographe. Ce n’est peut-être pas très pratique mais je n’ai guère le choix des moyens. Les lettres ainsi travaillées vous seront indiquées par l’entête « Chers parents » tout court (…).
Peu après il expédiait cette lettre codée qui indiquait le lieu de débarquement du 19e BCP : Breteuil. A cette date les chasseurs étaient déjà en position près de Grivesnes.
Le 29 mars 1918
Chers parents,
Je ne sais quand cette lettre vous parviendra mais je l’écris pour le cas où je pourrais la faire partir. Je ne répondrais pas à vos derniers messages car voilà cinq jours que nous n’en avons pas reçues. Je vous assure que le temps paraît long sans rien des siens. J’espère que j’en aurais sous peu. Nous avons voyagé pendant trois jours et nous sommes très fatigués. Il m’est impossible de dire quand j’irai en permission mais ce ne sera probablement pas pendant le mois d’avril (…).
Le moment n’était pas propice aux longs courriers et ce fut vraiment un tour de force de faire parvenir ces deux cartes-lettres depuis les premières lignes. A ce moment Marcel était agent de liaison auprès du commandant de la CM2 ce qui lui permit peut-être de se rendre un peu en arrière pour expédier son courrier.
Le 30 mars 1918
Bonne santé. Ne soyez pas inquiets. Nous sommes tranquilles.
Baisers
Marcel
Le 31 mars 1918
Bonne santé. Tout va bien et assez calme.
Baisers à tous ainsi qu’à Jeannette.
Marcel
La famille reçut ce dernier courrier le 5 avril et le 11, toujours sans nouvelles, Jules Cavin adresse une demande de renseignement aux autorités militaires qui ne seront en mesure de fournir des éléments précis que le 30 mai ! Une lettre cependant arrive mais hélas elle n’est pas de Marcel …
21-4-18
Monsieur
Votre fils Marcel Cavin été blessé le 31 mars a Grivesnes. Tous ses camarades sont d’accord pour dire qu’il était sérieusement touché et que son état était grave. Dès que je le pourrai je vous ferai parvenir de plus amples renseignements.
Veuillez recevoir Monsieur l’assurance de mon profond respect.
Guillemard
Sergent Mor 19e BCP CM2
A la requête de la famille la réponse de l’infirmer Barat de la 2e Cie du 19e BCP ne permettait plus aucun doute : Marcel avait été tué.
Le 29 avril 1918
Cher Monsieur
Je faits réponse a la lettre que je vients de resevoir ou vous me demandez des nouvelles de votre fils Marcel Cavin qui malheureusement a éte tué le jour de Pâque a Grivesnes. Je vat vous donner tout les renseignement que je conais mais je ne l’est pas enterre comme sa vous a été écrit. S’est le leundi soirs le landemain de lataque ou le mardi je ne me rappelle pas au juste quand on a été relevée. S’étais toujours le jour de la relève ille restais encore 3 chasseurs de ma compagnie a enterré et s’est en chargeant un nommé Prade que jais trouvez votre fils aupres d’un pommier sur le bords de la route de Grivesne a la ferme de la Folïe a environs a 150 mètre de la sortie de Grivesne et comme cetais la nuits ille etais couché sur le ventre je lais retourner et jais pris sont livret et son porte plume réservoir qui etais dans la poche droite de sa vareusse que jais remis a lajent de laissons de sa compagnie pour qu’ille prévienne l’Infirmier de sa compagnie et qu’ille le face enterrer mais qu’and ont a été relever jais revue l’Infirmier de la CM2 et ille ma dit qu’ille ne lavais pas trouver. Sa montre que javais au poignez je lui lais laissez avec toute s’est afaire croyant biens que seut de sa compagnie lui aurais enlever en faissant l’hinumation mais nous avont ete relever et votre fils na pas eté enterrer par le 19em mais ille doit être enterrer tout pres de Grivesne seullement comme les morts que nous avont enterrer des fois le landemain ille etais deterrer par les obus et comme ille sont enterrer sans cerceuille je crois que s’est imposible de pouvoir faire revenir le corps de votre enfant après la guerre. Pour la blessure votre fils a été tué dune balle et ille na pas du soufrire longtemps car le Lt Tolot qui a signe le decés avec moi avais amener sa section aupres de votre fils et ille etais morts et setait sitôt lattaque ille a eté tué sur le coup (…)
Barat
Le contenu est brutal, manifestement on ne pouvait espérer du tact de cet infirmier qui faisait son « travail » de son mieux. Le plus dur pour les parents fut d’entrevoir la possibilité de ne jamais recouvrer la dépouille de leur fils. Commence alors une longue quête pour localiser une sépulture. Un courrier adressé au lieutenant Thollot resta sans réponse et ce fut d’abord le fidèle Toutain qui se manifesta.
Bois le Comte le 10 mai 1918
Chers Amis
Par suite de circonstances dues tout a fait au hasard j’ai recueilli des
renseignements sur la disparition de votre cher Marcel. Malheureusement
ces renseignements sont bien mauvais et ne font que confirmer ceux que
vous avez reçus déjà.
Voilà comment je les ai obtenus. Avec moi se trouve un chasseur de la
2eme compagnie nommé Frabolo. Hier soir nous causions de la bataille de
Grivesnes lorsqu’il me dit qu’un jeune homme de la CM2 était mort près
de lui. Je lui demandais le nom de ce chasseur, je restais dans un état
de stupeur et de tristesse : ce jeune homme était mon pauvre ami Marcel.
Il m’a donné quelques détails.
Le 31 mars vers 3 heures les troupes françaises reprenaient le terrain
perdu. Toutes les compagnies se trouvaient mélangées c’est ainsi que
Marcel se trouvait avec la 2e compagnie, il était couché dans un trou à
quelques pas de Frabolo lorsqu’il fut touché par une balle dans le
ventre. Frabolo vint auprès de lui pour faire son pansement, il le
deshabilla mais ne découvrit pas l’entrée de la balle, un lieutenant de
la 2e comp vint auprès de lui également. Au bout d’une ½ heure il
expirait à la suite d’une hémorragie interne. Auprès de lui gisaient ses
affaires, son livret militaire et son portefeuille, c’est alors que
Frabolo regarda son nom. Le soir celui-ci vint revoir Marcel, il était
toujours étendu à la même place
Depuis il n’a pas su ce qu’il était devenu. Barra étant l’infirmier de
la 2e comp je l’ai prié d’écrire afin de savoir où Marcel a été
transporté.
Chers Monsieur, Madame Cavin, je prends une grande part à votre douleur.
Marcel était pour moi un inséparable, un ami sincère et dévoué. Nous
étions là ensemble… Malheureusement le destin l’a frappé cruellement (…)
De gauche à droite : Thiroux, Toutain et Marcel Cavin en tenue du 19e BCP en septembre 1917.
Voici ce qu’écrivait Marcel à propos de son camarade : « Ce n’est pas par hasard qu’il est mon camarade de lit, depuis Paris nous ne nous sommes pas lâchés d’un cran et nos numéros matricules se suivent ».
Grâce à ce Frabolot, Breton de Pleyben, les dernières minutes de Marcel Cavin étaient désormais connues. Il apportait des précisions importantes mais ignorait tout quant à la sépulture.
Bois le Comte 15 mai 1918
Monsieur cavin
Il m’aurait été bien agréable monsieur de diminuer si possible les
douleurs qu’occasionne la cruelle perte que vous venez de faire en vous
racontant les derniers moments de votre pauvre fils. Mais mon compagnon
d’hôpital s’est empressé de vous communiquer les quelques renseignements
que j’ai pu lui fournir, cependant bien que je ne puisse plus rien vous
apprendre je me permets de vous écrire.
Le 31 mars jour de pâques le bataillon qui dans la matinée avait du
battre en retraite remontait sur Grivesnes où une compagnie de chez nous
chassait les derniers boches. Nous étions déployés en tirailleurs et
couchés dans la plaine un peu en arrière d’une route menant de Grivesnes
à un chapelle dont le nom m’échappe. Les mitrailleuses du parc de
Grivesnes continuaient à battre, il était impossible d’avancer. Aussi
chacun de se hâter de faire son trou individuel. J’étais le voisin de
gauche de Marcel Cavin. Lorsqu’il fut blessé je me précipitais aussitôt
à son secours. « Une balle » me disait-il « m’a frappé au ventre » et du
doigt il me montra l’endroit. Malheureusement je ne vis absolument
aucune trâce de sang. « Je suis certain qu’elle m’a frappé là » me
répétait-il en me montrant l’endroit. Croyant qu’il se trompait je lui
enlevais son équipement et ses musettes, malheureusement je ne remarquai
sur le reste du corps aucune trâce de blessure. Tout pansement devenait
donc impossible j’en fis la remarque au Lt Tholot qui se trouvait à
quelques mètres de nous. « Ce n’est peut-être qu’une forte commotion »
me dit-il. « Puisque nous n’y pouvons rien laissez le » me dit-il.
Comme il se plaignait d’avoir trop chaud et d’étouffer je lui enlevai sa
cravate, déboutonnai sa chemise et lui tins la tête soulevée. Je tachai
de le consoler de mon mieux, lui faisant entrevoir qu’il serait bientôt
à l’hôpital loin de tout danger, qu’il passerait une longue
convalescence chez lui. Mais il m’interrompait car il ne se faisait pas
illusion sur son état : « Merci cher ami, de vouloir me consoler, mais
je le sens bien, je n’ai plu la moindre espérance, tout est fini. »
D’ailleurs il semblait très résigné et ne murmura jamais contre son
sort. Il ne se plaignit jamais de ses souffrances. Avant de mourir il me
remercia encore. Je lui demandai son nom et il me répondit « Marcel
Cavin CM2 ». Voulant à tous prix lui cacher que comme lui je croyais
qu’il se mourait je ne voulus pas lui demander l’adresse de sa famille.
Et d’ailleurs en ce moment étais-je plus certain que lui de revenir de
cet affreux charnier ? Plus tard j’ai pourtant beaucoup regretté de ne
la lui avoir pas demandé. Car je sais combien il est pénible aux parents
d’être sans nouvelles. Et il vaut toujours mieux connaître la vérité.
Marcel eut une mort très douce et jusqu’au dernier moment il me cacha
pour ainsi dire ses souffrances. Il expira vers 16 heures. Je dus
ensuite porter un plis à une compagnie voisine et ne revins plus là, le
poste de commandement s’étant transporté dans une cave de Grivesnes.
Aussi ne puis-je prendre ni son porte feuille ni ses autres papiers. La
nuit du 31 je revins le voir une dernière fois, le corps était toujours
là. Il ne fut inhumé que plus tard et je ne puis vous donner aucune
indication sur l’endroit où il fut enterré.
Pardonnez-moi, monsieur, cette si longue lettre qui pourtant ne vous
aura rien appris. Je ne connaissais votre fils avant ce jour, mais ces
tristes circonstances nous avaient rendus grands amis.
Je n’ai qu’un regret ce n’est de n’avoir pu faire d’avantage pour lui.
Ami d’un jour j’ai beaucoup souffert cependant de le voir mourir, et
soyez persuadé que je prends part à votre chagrin.
F Frabolot
D’autres s’inquiétaient du sort de Marcel comme cette gentille infirmière, qui l’avait certainement soigné à l’hôpital de Remirmont quand il souffrit du genou en 1917 pendant ses classes, et qui s’interrogeait sur ce long silence. Il y eut encore Verseaux, un ancien du 19e BCP passé au 42e BCP qui fit tout son possible pour entrer en contact avec les unités qui avaient relevé le 19e BCP à Grivesnes.
C’est un autre ami de la famille, Henri Jovet, qui va finalement découvrir la tombe de Marcel Cavin :
St 234 le 9.9.1918
J’espère que ces lignes vous trouveront en excellente santé. Je vous les
écris après avoir eu beaucoup à faire et après avoir remis plus d’une
semaine pour ce motif. Depuis hier nous voilà dans l’Oise entre
Saint-Just et Beauvais, région où nous cantonnons pour la troisième
fois. Je profite donc de ma tranquillité afin de ne pas remettre plus
longtemps.
Il y a trois semaines nous passions la journée du dimanche ensemble,
quinze jours nous séparent de notre dernière rencontre ; il y a huit
jours j’explorais de grand matin et toute la matinée les lieux où
s’envolent si souvent nos pensées. De ce pèlerinage, mes chers amis, je
suis revenu bien attristé, mais je ne vous en dirai pas plus long car
depuis des renseignements me sont arrivés et la chère tombe où repose
Marcel existe, vous pourrez un jour vous y rendre.
Etant en position à quelques kilomètres de Nesle et sachant un collègue
installé à Gratibus, j’ai demandé l’autorisation au capitaine de
m’absenter 24 heures à la position afin d’aller reconnaître le lieu où
repose Marcel. J’obtins facilement cette liberté, donc après une nuit
passée à Gratibus, de grand matin, au petit jour, par Maresmontiers, la
ferme de la Folie, le lie dit Saint-Aignan, autrement dit à peu de
kilomètres de Grivesnes, l’emplacement du moulin vu sur les cartes sous
la désignation cote 112, j’arrivai à l’entrée de Grivesnes d’où part la
route de Malpart. De suite je recherchai quelques habitants afin de
demander où se trouvait le cimetière. Ne trouvant aucun être vivant et
n’en ayant trouvé aucun depuis mon départ de Gratibus, je me dirigeais
du côté de l’église dont une partie du clocher est encore debout. Aucune
trace de lieu de repos… un peu plus loin j’aperçois quelques croix, près
du château, je m’approchai sans découvrir aucune inscription connue et
se rapportant à l’unité de notre cher disparu ; à travers les murailles
je cherchai, je découvris d’autres tombes, d’autres indices de la grande
lutte sans autres résultats.
Tout à coup, d’une ferme proche, quelques territoriaux et italiens
sortirent. Je m’approchai afin de demander les lieus où reposaient des
chasseurs du 19ème. Il me fut donné quelques indications qui ne mirent
pas fin à mes recherches. Je repartis en regardant sous chaque arbre le
long de la route qui mène à la ferme de la Folie, si je ne trouvai pas
quelques marques de tombe… Je me glissai à travers quelques champs de
blés restés debout malgré la lutte qui se déroula parmi eux. Je fis
ainsi deux fois la route, je retournai deux fois à travers les restes du
cimetière qui fut si longtemps 1ère ligne ; du côté du moulin je n’eus
pas plus de résultats. Près du Christ, avant d’entrer à Grivesnes deux
gradés de la CMR1 reposent mais aucune tombe d’hommes de la CM2 pourtant
! Le temps passa ainsi et à mon grand regret j’ai du quitter ces lieux
où j’étais venu avec tous sans avoir pu rejoindre Marcel.
A ce moment un italien me croisa. Il parlait français. Je lui expliquai
mes efforts et je le priai de faire quelques recherches et de m’en
fournir les résultats. Hier je reçus une carte m’indiquant que Marcel
était dans un petit cimetière à côté des premières maisons à gauche en
entrant du Plessier. Donc, cher monsieur Cavin, si vous obtenez
l’autorisation de vous rendre en ces pénibles lieux vous trouverez plus
aisément la tombe qui nous est chère. Je n’aurai pu m’y rendre moi-même
mais enfin vos recherches seront moins lugubres. Je vous joins l’adresse
de cet italien qui me fit parvenir ces renseignements. Je vais lui
écrire, le priant d’arranger un peu la tombe de Marcel, qui, je lui ai
dit être mon cousin. Peut-être sera-t-il encore un moment encore de ce
côté, il travaille à la moisson des champs libérés.
Falco Joseph
17eème Noyau I.A.IF.
166ème Compagnie
Armée italienne
S.P. 234
Vous pourrez même le demander si vous allez bientôt, il cantonne dans la maison qui fait le coin en arrivant à Grivesnes avec la route qui part sur Malpart (…).
Un jeune ami reconnaissant qui pense à vous tous
Henri
La famille obtint l’autorisation en septembre de se rendre sur les lieux qui appartenaient toujours à la zone des Armées. Là ils rencontrèrent Madame Bocquillon et sa fille. Par solidarité, parce que cette famille avait également été endeuillée, elles hébergèrent les Cavin et entretinrent la tombe de Marcel.
Asnières 21 octobre 1918
Cher Monsieur
Excusez moi de la liberté que je prends de vous écrire. C’est ma pauvre
mère qui me l’a bien recommandez.
Je suis la jeune fille de la dame, avec qui vous avez couché dans la
cave a Grivesnes. J’en arrive de mon cher petit pays, nous avons eté
portez quelques fleurs sur la tombe de votre fils chéri, elle est restez
très propre, auprès de celles de ses chers camarades qui sont envahies
par l’herbe (…)
Grivesnes le 8 novembre 1918 Chers amis Je vous répond a votre lettre que jai reçu avec plaisir
je ne vous ai pas repondu plutot je croié que le temps aller ce metre au
beau mai non il fait un temps affreux je suis aller au ciemetier sur la
tombe de votre cher fils jai ceuilis une petite fleur pour vous l’envoier
dimanche nous avons etait tou le mond et les soldats quil y a grivesne
porte une couronne au 4 ciemeter pour nos pauvres soldat tombe au champs
d’honneur il a tombe de la neige et aujourduit il pleue Votre amie Bocquillon Lesage |
Grivesnes le 16 Decembre 1919
Chers amis
Je mempresse de vous ecrire ses quelque mot pour vous dire votre cher fils nai plus dans le cimetier ou il etait il sont tous déterre jai juste tombe aller au cimetire on etait entrin de deterre votre cher fils jai reste la pour voire et jai bien recommander de la precausion jai pris les belle fleur chez nous et jai etait les raporte le l’endemain tous ai bien en place il ai au cimetire de M fortune il ai tres bien place le 1er de la 2e ligne en venants de grivesnes ils sont tous deterre il nauras plus que deux ciemeter celui au chemin d’aubeliers et celui a St agnant ou repose votre cher fils (…)
Bocquillon Lesage
En septembre 1919 Jules Cavin demanda la Médaille militaire pour Marcel, elle lui fut attribué en janvier 1920. La même année la famille fit exhumer le corps pour l’enterrer à Saint-Ouen où il repose toujours.
Sources : archives familiales communiquées par Antoine Gallozzi, son neveu.
Pour toute information : pilot2@tiscali.fr
© Santerre 14-18 2004