Prés d’un demi-million de soldats de l’Empire britannique sont tombés dans la Somme, " ils combattaient pour la liberté et ils y croyaient ", rappelait récemment le capitaine Jack Patten, attaché militaire du Gouverneur de Colombie Britannique, en visite en France. Onze cent d’entres eux, des Britanniques, des Canadiens, des Australiens, des Sud-Africains, reposent sur une terre désormais menacée par un projet d’aéroport international. Pour ne pas oublier qu’en honorant les tombes des soldats de la Grande Guerre, on ne satisfait pas seulement à un « devoir de mémoire » quelque peu abstrait et désincarné et que derrière chacun des noms gravés dans la pierre des cimetières militaires il y a une vie humaine, il convient d’évoquer la haute figure du lieutenant James Edward Tait (MC, VC) inhumé à Fouquescourt.
Le lieutenant Tait est né à Dumfries en Ecosse, le 27 mai 1888.
Ses parents, James Bryden Tait et Mary Johnstone Tait étaient originaires de
Maxwelltown, toujours en Ecosse. Lorsque éclate la Grande Guerre, James,
désormais installé à Winnipeg, au cœur du Canada, a 26 ans. Il est ingénieur
civil mais a acquis une expérience militaire de plusieurs années au sein de
l’Impérial Yeomanry, un corps de cavalerie composé de volontaires.
James Edward Tait s’engage le 4 février 1916 et rejoint le 78ème bataillon
d’infanterie du Corps Expéditionnaire Canadien (Régiment du Manitoba). Il est
blessé au combat à trois reprises. Officier brillant et d’un courage
exceptionnel, la " Military Cross " lui est décernée le 16 août 1917.
A la tête de la compagnie C du 78ème bataillon, il participe, en première ligne, à l’offensive capitale du 8 août 1918. Son unité, en position à l’est du bois de Gentelles, s’élance à l’aube en direction des lignes allemandes, et progresse sur Demuin en franchissant la Luce.
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Au cours de l’après-midi, la compagnie C est stoppée par une forte résistance ennemie devant le bois de Beaucourt en Santerre. Des mitrailleuses dissimulées fauchent les soldats canadiens. Accablée par une pluie de balles, la compagnie commence à refluer lorsque le lieutenant Tait, s’armant d’un fusil et d’une baïonnette, s’élance seul à l’assaut d’un nid de mitrailleuses et s’en empare. Galvanisés par l’exemple de leur chef, les Canadiens se ruant sur les positions ennemies, capturent 12 mitrailleuses et 30 prisonniers. Cette action héroïque permet au 78ème bataillon de poursuivre son avancée.
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Le lieutenant Tait repose depuis 84 ans dans le cimetière militaire britannique de Fouquescourt. Faut-il réellement l’exhumer afin de satisfaire les ambitions de quelques bétonneurs ? Les autorités indiquent que les exhumations se pratiqueraient de manière respectueuse. C’est la moindre des choses, mais la plus grande marque de respect que l’on puisse manifester envers le lieutenant Tait et tous ses frères d’armes est de les laisser reposer en paix sur une terre devenue leur, par le sang versé.
© Santerre 14-18 2004