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Lieutenant Frederick Neville Lipscomb

19th AIF Bn, M.C.

William et Jessie Lipscomb de Normanhurst, New South Wales, avaient quatre fils et tous quatre s’engagèrent. Neville s’enrôla en août 1914 dans la 10th Field Artillery Brigade à 17 ans et fut l’un des premiers car il portait le matricule 33, il fut tué le 23 avril 1917 près de Bullecourt. Eric rejoignit le 34th AIF Bn en août 1916 et tomba le 16 mai 1917 près d’Armentières. Par chance le plus jeune, engagé à 17 ans en 1918 était encore à l’entraînement en Australie à la fin de la guerre. Frederick quant à lui avait quitté sa ferme de Gunnedah pour s’engager en 1915. Après un séjour en Egypte en janvier 1916, il arriva en France et fut blessé à Pozières le 26 juillet. Il passa directement de simple soldat à officier en rejoignant son unité au mois de décembre de la même année. Cette promotion rapide s’explique par les pertes énormes de la bataille de la Somme.

Aux premières heures du 7 avril il était en position devant le Bois de Hangard avec la compagnie du capitaine Wallach et une compagnie du 20th AIF Bn. Les hommes étaient si fatigués que plusieurs s’endormirent immédiatement. Quand la préparation d’artillerie s’abattit tout le monde compris que quelque chose n’allait pas car pas un obus ne tombait devait le front du 19th Bn. Le capitaine Wallach se concerta avec le lieutenant Lipscomb et ils décidèrent d’attendre un peu avant d’attaquer au cas où il y aurait eu un problème de synchronisation. Comme rien ne se produisait ils partirent à l’attaque en oubliant le lieutenant Sorkey qui s’était endormi et qui découvrit avec stupeur que tout le monde était parti.

Il n’y avait pas d’opposition directe mais des tirs de mitrailleuses venant de la droite mirent au tapis, avant même d’atteindre le bois, un quart de l’effectif dont le capitaine Wallach. A l’intérieur la végétation était très dense mais dépassait à peine la taille d’un homme et il y avait des barbelés. Storkey était finalement arrivé et commandait maintenant la compagnie. Il avait quatre hommes avec lui et fut rejoint par Lipscomb et six soldats. Le groupe tenta de contourner le point de résistance.

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Il déboucha sur un petit sentier où se trouvaient cinq ou six petits éléments de tranchées garnis de mitrailleuses. Il y avait une centaine d’hommes de dos qui tiraient sur le reste de la compagnie qui tentait de franchir le terrain découvert. Un Australien poussa un cri de surprise qui alerta l’ennemi. Storkey, hurlant comme si tout un bataillon le suivait, chargea aussitôt avec 10 hommes sur un flanc et Lipscomb, seul, sur l’autre flanc. Les Allemands les plus proches levèrent les bras mais les autres hésitèrent. Au premier signe d’hésitation Storkey en descendit trois au revolver et quelques grenades furent lancées tuant une trentaine d’Allemands. Trois officiers et une cinquantaine d’hommes se rendirent.

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Lieutenant Percy Valentine Storkey

Deux hommes furent détachés pour escorter les prisonniers et le reste du petit groupe avança pour atteindre son objectif. Si comme prévu il y avait bien un chemin, aucune trace en revanche d’un bon champ de tir découvert où l’on devait prendre position.. Au lieu de cela le bois était encore plus touffu et Storkey décida de retourner sur les bases de départ. C’est au cours de ce retour que le lieutenant Lipscomb fut blessé. Storkey fit un rapport à son commandant de bataillon qui lui donna ordre d’y retourner sur le champ. Il refusa d’y conduire ses hommes éreintés et déclara qu’il irait seul mais uniquement après avoir rendu compte au général. L’arrivée des prisonniers détendit la situation. Il passa le reste de la journée à s’occuper des blessés dans des trous d’obus et reçut finalement la Victoria Cross tandis que Lipscomb se voyait décerner la Military Cross. Les Australiens avaient perdu 151 hommes dans ce bois qui en fin de compte était solidement tenu par les II. et III./ IR 133

Voici comment le lieutenant Lipscomb rapporte l’événement dans une lettre du 18 avril 1918 :

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Ma Chère Maman

 

Une fois de plus je suis à l’hôpital, blessé, et je pense que cette fois ça devrait me tenir à l’écart des mauvais coups pour un bon moment. Un obus a explosé en plein dans l’abri où je me trouvais, nous étions trois : un autre officier*, un transmetteur et moi. Nous autres officiers avons eu de la chance, j’ai une mauvaise fracture près de la rotule gauche, l’autre officier a été simplement sonné mais le transmetteur a été tué sur le coup.

Il se trouve que son nom était Barling et qu’il avait quelques liens avec les Barling de Manilla et Wahroonga. Je venais juste de lui demander une demi-heure avant s’il avait un lien avec les gens de Wahroonga mais il ne savait pas très bien, il savait juste qu’il devait avoir de la famille par là. Pauvre gars ! Il a été tué sur le coup et n’a pas souffert.

Je suis dans cette Casualty Clearing Station depuis dix jours maintenant et j’ai été opéré dès la première nuit qui a suivi mon admission. Ils me gardent ici jusqu’à ce que je sois capable de voyager en train sanitaire, cela ne devrait plus être long et après c’est la traversée pour Blighty**. Je dois garder ma jambe dans la même position jour et nuit, je suis plâtré jusqu’à la hanche mais malgré tout je me sens très bien et les docteurs et les infirmières sont satisfaits de l’évolution de mon état.

J’oubliais de te dire que juste avant ma blessure notre compagnie menait une attaque contre un bois occupé par les Huns et qu’avec un officier, 12 hommes et moi-même nous avons capturé 47 prisonniers et une mitrailleuse après en avoir tué un bon nombre au fusil et au revolver.

Je t’écrirai bientôt de nouveau car là Maman Chérie je suis un peu fatigué. J’espère que tout va bien à la maison et ton fils chéri t’envoie des tonnes et des tonnes de baisers.

Fred

* Cet autre officier était bien entendu Percy Valentine Storkey. Le transmetteur, Albert Alexander Barling est inhumé dans Hangard Communal Cemetery Extension mais curieusement sa date officielle de décès et le 8 avril, il ne serait donc pas mort sur le coup.

** C’est ainsi que l’on désignait la « bonne vieille Angleterre », c’était aussi synonyme de la fine blessure qui permettait le retour au pays.

Proposition de citation :

« Cet officier commandait une section qui participa à l’attaque du Bois de Hangard le matin du 7 avril 1918. En atteignant le bois le Lt Lipscomb disposait de 4 hommes et rejoignit immédiatement le Lt Storkey et ses 8 hommes pour attaquer un groupe d’environ 80 à 100 ennemis soutenu par des mitrailleuses. Tout au long de l’attaque il manifesta un grand courage, tuant personnellement huit ennemis et capturant leur mitrailleuse. »

Citation (London Gazette du 18 septembre 1918) :

« Il n’avait que quatre hommes avec lui. Il rejoignit un autre officier accompagné de six hommes et ils attaquèrent un groupe d’ennemis armés de mitrailleuses. Il tua huit d’entr’eux, son groupe captura une mitrailleuse, 3 officiers, cinquante hommes et tua le reste. Ce fut une splendide action. »

Au cours de son séjour à l’hôpital en Angleterre Frederick Lipscomb rencontra une infirmière qu’il épousa. Il fut déclaré inapte au service actif et retourna en Australie.

 

Archives familiales Helen Wyatt

Bean, C.E.W., Official History of Australia in the War of 1914-1918.

Volume V: The Australian Imperial Force in France During the Main German Offensive 1918, Angus & Robertson, 1937

Australian War memorial : http://www.awm.gov.au/

pilot2@tiscali.fr