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Mdl-chef François LIBERT

12e Régiment de Cuirassiers, 2e Division de Cavalerie à Pied

François Joseph Auguste Libert naquit le 3 mars 1885 à Céaucé (Orne), ses parents tenaient l’hôtel du Lion d’Or à Domfront et élevaient quelques chevaux. Engagé volontaire pour la durée de la guerre en octobre 1914, il est incorporé au 1er BCP où il va entamer une longue série d’actes de bravoure. Décédé en 1962, il était titulaire de la Croix de guerre (1 étoile de bronze, 1 étoile d’argent, 2 étoiles de vermeil, 2 palmes), de la médaille militaire (1915) et de la Légion d’honneur (1958).

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François Libert (à gauche)

François Libert (à gauche) en mars 1919 au bureau de démobilisation. On remarque sur son bras les chevrons de présence au front que l’on appelle des brisques et qui ont donné l’expression « vieux briscard ». Le premier chevron correspondait à une année et chaque chevron supplémentaire représentait six mois.

Arrivé sur le front le 5 décembre 1914 dans le secteur de Notre Dame de Lorette, il connut son baptême du feu le 20 à la maison forestière du Bois de Bouvigny. Nommé brigadier en mars 1915, il reçut sa première citation à l’ordre de l’Armée au mois de mai et la Croix de guerre en septembre (nb : cette décoration avait été instituée par la loi du 8 avril 1915).

On le retrouve Mdl Chef à Verdun où le 2 avril 1916 sa compagnie est décimée : un sous-lieutenant, le Mdl Chef Serpette et Libert lui-même ne disposaient plus que de 20 chasseurs. Ce fut à cette époque que les rescapés du 1er BCP furent pour la plupart versés dans le 12e Cuir qui allait combattre à pied faute d’emploi pour la cavalerie.

En octobre 1916 le régiment s’illustra dans le Santerre à Ablaincourt-Pressoire avec l’attaque du Bois du Kratz et le nettoyage des abris où, d’après François Libert lui-même, étant posté au-dessus d’une porte il tua avec une pelle pliante aiguisée plusieurs Allemands qui tentaient de sortir. (Voir le récit de combat dans ce même site)

Ce fut ensuite le Chemin des Dames et la Champagne où il intégra avec son camarade le Mdl Chef Serpette une section spéciale commandée par le lieutenant Burot de l’Isle. Les coups de main s’enchaînèrent alors et cette section fut souvent détachée auprès d’autres unités. A titre d’exemple citons l’action du 5 novembre 1917 sur le plateau de Californie où une dizaine d’abris furent nettoyés à la grenade, à l’arme blanche ou au liquide incendiaire (mélange d’essence et de savon noir contenu dans des bidons). Pour sa part François Libert rentra seul dans trois abris et en ressortit indemne.

Citation à l’ordre de la division N° 329 du 7/12/1917

« D’un courage et d’une fantastique furia au combat, sous-officier digne d’éloges, toujours volontaire pour les missions périlleuses, a participé au coup de main du 5/11/1917 donnant encore une nouvelle preuve de sa valeur ».

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François Libert (debout)

François Libert (debout) en compagnie d’amis du 1er BCP. A droite en train de rire, le Mdl Chef Serpette, celui qui l’accompagna dans de nombreux coups de main et qui devait trouver la mort le 12 juin 1918 dans les environs de Villers-Cotterets tandis que Libert se remettait d’une intoxication au gaz.

Au printemps de 1918 le régiment fut dépêché dans la Somme pour empêcher l’ennemi de s’emparer du Bois Sénécat qui constituait une position essentielle sur la route de Moreuil à Ailly-sur-Noye. Les combats se déroulèrent avec une violence inouïe entre le 4 et le 11 avril où le régiment perdit 439 hommes. Au cours de cette période François Libert reçut une citation à l’ordre du Corps d’Armée : « sous-officier remarquable, spécialiste des coups de mains, s’est particulièrement distingué dans les journées des 5, 6 et 7 avril en tendant des embuscades aux patrouilles ennemies ».

« Le Bois Sénécat ! Qui l’a vu sera poursuivi par cette vision ! Ce n’était pas la destruction totale qui fait oublier ce qui a été, mais quelque chose de plus poignant. Tragique, il dressait ses fûts blessés sur un enchevêtrement de branches abattues où dormaient des cadavres ; des odeurs de poudre et de gaz somnolaient éparses, entretenues par le combat quotidien ; et, aux lisières, un je ne sais quoi de haché, de pulvérisé, qui n’était plus le bois et qui devait l’être encore, quelque chose comme une transition vers le néant ».

« La 66e DI à la bataille d’Amiens »  Maurice Fischer, Peyronnet et Cie, Paris 1931.

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Le Bois Sénécat qui domine la vallée de l’Avre près
 de Moreuil au printemps 1918.
 Il fut tellement pilonné qu’il est encore dangereux
 et interdit d’y faire du feu aujourd’hui.

Ce fut ensuite un nouveau séjour sur le Chemin des Dames et le Mort Homme avec une intoxication qui le tiendra éloigné du front entre le 30 mai et le 29 juin 1918. En septembre la section spéciale fut détachée auprès des Américains et François Libert recruta quelques éclaireurs sioux, crows et pawnees avec lesquels il effectua une opération le 12 septembre qui lui valut sa dernière citation à l’ordre de l’Armée : « Le 12.9.1918 a montré, une fois de plus, ses belles qualités d’entrain et de courage dans une opération de nettoyage au cours de laquelle il a capturé 49 prisonniers et pris 3 mitrailleuses. A de nouveau fait preuve d’un cran remarquable dans la conduite d’une patrouille qui a amené la prise de 10 prisonniers et d’une mitrailleuse ».. A près l’Armistice le régiment passa en Allemagne.

Il fut placé en congé illimité de démobilisation en août 1919 mais il participa cependant au défilé du 11 novembre. Comme le régiment était de nouveau monté il s’entraîna pendant ses permissions et finissait souvent ses soirées assis dans une bassine d’eau froide.

Les intoxications dont il avait été victime rendirent sa santé précaire et jusqu’à ses derniers jours ils fut hantés par des souvenirs terribles. Il revoyait clairement le visage de plusieurs de ceux qu’il avait tués lors de ses nombreux fameux coups de main et cela le laissait dans de longs moments de prostration. Il conservait malgré tout deux poignards de tranchée qui selon lui avaient dû tuer une trentaine d’ennemis mais disait préférer utiliser une pelle pliante aiguisée. Tous ces morts pesèrent sur sa conscience et il devint pacifiste, il ne fit plus jamais de mal ne serait-ce qu’à une mouche jusqu’à la fin de sa vie.

 

Sources : archives familiales communiquées par Monsieur Georges Bernard. Ce dernier vous propose de partager son intérêt pour le célèbre « Baron rouge » sur son site : http://www.tao-yin.com/baron-rouge/index.html

 

Pour toute information ou réaction à ce portrait contactez Marc Pilot pilot2@tiscali.fr