Il était le huitième enfant d’une famille aisée de Ronchin (Nord) où il naquit le 13 avril 1894. A la mort de son père en 1904 les difficultés financière surgirent et il fallut se séparer de la grande et belle propriété qui est aujourd’hui devenue l’Hôtel de Ville. Suite au mariage de l’une de ses sœurs avec un Canadien une grande partie de la famille émigre dans le Manitoba en 1913 et Luc devint fermier.
Lorsque la guerre éclata il ne reçut aucun fascicule de mobilisation et fut tout simplement porté déserteur. Une mention marginale fut même inscrite sur son acte de naissance pour signaler sa position de déserteur et il faudra plus de cinquante ans à son frère Gustave pour faire disparaître cette marque d’infamie. En mai 1916 il s’engagea et après différentes affectations fut versé dans le 22nd CEF Bn.
Il s’agit du fameux « Van Doos » constitué de Canadiens Français avec lequel il débarqua en France en mars 1917 avant de partir au combat en septembre.
Lors de l’offensive d’Amiens en août 1918 le 22nd CEF Bn se distingua particulièrement le 9 en attaquant un secteur fortement défendu par des mitrailleuses. Il s’empara de Vrély, d’une partie de Rosières-en-Santerre et s’établit en pointe à Méharicourt en fin d’après-midi. Ce jour-là le bataillon perdit 1 officier et 22 hommes tués ainsi que 5 officiers et 150 hommes blessés. Les circonstances de la mort de Luc Lamblin le 10 août sont à élucider car le War Diary signale simplement 13 hommes blessés ce jour-là. Luc est peut-être mort de blessures reçues le 9 ou le 10. Il est inhumé dans le petit cimetière de Vrély Communal Cemetery Extension.
Gustave Lamblin en compagnie sa femme devant la tombe de Luc à Vrély peu de temps après la fin de la guerre. Ce qui est curieux est de constater que quelques tombes ont reçu une stèle en pierre de Portland tandis que la sépulture de Luc n’est encore marquée que d’une croix de bois fichée dans un tas de briques. Le mur d’enceinte n’est pas encore construit.
Après la guerre des gendarmes viendront à plusieurs reprises interroger la famille restée en France au sujet du déserteur Luc Lamblin… Sa situation reste en effet complexe : il n’est pas reconnu mort pour la France et son nom ne figure sur aucun monument en France. En revanche il est commémoré sur deux monuments à Winnipeg et bien que n’ayant pas été naturalisé il est considéré de fait comme Canadien dans la base de données de la Commonwealth War Graves Commission.
Sources :
Documents rassemblés par Monsieur Bernard Deschamps
© Santerre 14-18 2004