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L’après-guerre à Moreuil (3)

Moreuil fin mars 1919

« Moreuil renaît lentement à la vie, 300 personnes y sont réinstallées… non… campées plutôt dans ces abris de fortune. Fervents de la petite patrie, dévorés de la fièvre du retour, ils se sont construit une petite case, ou ont réparé une petite maison à demi-ruinée et s’y abritent.

200 soldats sont arrivés pour monter des baraquements en vue d’y abriter de nombreuses équipes militaires. On parle de 800 hommes qui vont venir pour déblayer les décombres qu’un petit Decauville emmènera au fur et à mesure. Une équipe sanitaire, résidant à Moreuil, fonctionne aux environs pour donner à nos soldats morts pour la France une sépulture digne de leur héroïsme et c’est le cimetière de Morisel qui reçoit leur glorieuse dépouille mortelle. Sur la place Victor Hugo, des baraques se montent pour le service public : poste, Mairie, Ecoles, Justice de Paix, Perception.

La Poste fonctionne déjà depuis plusieurs mois, Mr Ballin en est le receveur et 4 facteurs y sont attachés pour desservir Moreuil et les environs. La Compagnie de Chemin de Fer du Nord a repris son service depuis longtemps sur la voie Amiens-Montdidier mais elle reste avare de ses trains : un seul par jour pour l’aller et un seul pour le retour. Votre serviteur s’occupe de faire réparer un local pour en faire une église provisoire et un autre pour s’y abriter lui-même… »

Petit Bulletin de Moreuil » n°4

Moreuil au 1er janvier 1920

L’amour indéracinable de la petite patrie continue à ramener à Moreuil, malgré le manque de logements, une foule de famille. On veut revivre dans son cher petit coin. On le trouvera encore bien dévasté, c’est l’hiver, c’est la pluie qui tombe en abondance, il y a un luxe de boue dont les pays dévastés tiennent le record, rien n’empêche le retour des impatients. Chose incroyable, au 1er janvier, plus de 380 famille sont rentrées ; elles atteignent un total de près de 1200 habitants, dans les ruines. Ces familles sont pour la plupart misérablement logées ; un grand nombre habitent les maisons à moitié ou au ¾ détruites et réparées à la diable ; 42 ont des abris provisoires en galandage ; ce sont les moins malheureux et une centaine habitent dans des baraques en bois ou en tôle ondulée. Dans le quartier où sont installés les services de la reconstitution, ces derniers sont si nombreux que l’on commence à appeler ce quartier « le quartier des tunnels ». Ce n’est pas élégant mais on est au grand air. Et les baraques continuent d’arriver, malgré la crise des transports, le chemin de fer en débarque encore à l’heure actuelle. Les retours vont pouvoir continuer.

« Petit Bulletin de Moreuil » janvier 1920

pilot2@tiscali.fr