Le centre d'enfouissement technique de classe II de Rollot, véritable décharge à ciel ouvert, est situé sur une sablière, à cheval sur la chaussée Brunehaut reliant Beauvais à Bavay.

Afin de bâtir la décharge de Rollot, il a fallu démolir un site reconnu de grande valeur archéologique (cf. le POS de Rollot). Les découvertes archéologiques ont été nombreuses aux siècles passés, mais depuis l'existence de la décharge, aucune fouille n'a jamais été réalisée.

Géologiquement, le terrain était idéal pour l'étude du Thanétien supérieur parfaitement représenté à Rollot. Mais il n'en reste plus rien.

Enfin, le site fut au coeur des combats de la Grande Guerre entre mars et août 1918. Les cicatrices sont encore bien présentes : la nécropole nationale de Méry-la-Bataille se trouve à 3 kilomètres à peine.

La nécropole nationale de Méry-la-Bataille

Le cimetière militaire de Méry-la-Bataille surplombe le secteur et offre hélas aux visiteurs une vue imprenable sur la décharge de Rollot.

Triste spectacle vu de la nécropole nationale de Méry-la-Bataille:
la décharge avec ses monticules de terre et de déchets
(zones éclaircies).
La taille des monticules rivalise  avec l'église de Rollot (47 mètres)

Il est possible de citer bien d'autres sources de mécontentement de la part des Rollotois ainsi que des habitants des communes voisines, des associations de sauvegarde du patrimoine et des associations protectrices de l'environnement:

• Menace sérieuse de pollution de la nappe phréatique

• Destruction notable de l'avifaune endémique bien que le site soit classé en ZNIEFF (Zone Naturelle d'Intérêt Écologique Faunistique et Floristique). Les mouettes et corbeaux viennent peupler la décharge

• Odeurs nauséabondes

• Atteinte grave au paysage

• etc...

La décharge de Rollot : les habitants réclament
la dépollution du site

Le secteur convoité pour caser la nouvelle décharge de Beuvraignes, au Bois des Loges (bois qui couvre une superficie importante de plus de 125 hectares), ressemble au site de la décharge de Rollot, puisque:

• Ils sont tous les deux situés en bordure de département, à la limite du département de l'Oise

• Ils sont à proximité immédiate d'une nécropole nationale où "reposent" plusieurs centaines de héros des deux guerres mondiales

• Ils sont tous les deux situés sur des sites historiques

Représentation des nécropoles dans le secteur de Rollot.
La décharge de Rollot fait face à la nécropole de Méry-la-Bataille.
Le spectacle risque d'être similaire à Beuvraignes

Pas étonnant que les Santerrois s'indignent et s'inquiètent de ce nouveau projet qui prétend, sans concertation avec la population, souiller une terre meurtrie par les deux dernières guerres et imbibée du sang des braves.

Voici un extrait de l'ouvrage de Maxime de Sars consacré à la commune de Beuvraignes :

Beuvraignes n'était plus qu'un immense brasier au soir du 5 octobre. Les allemands transformèrent les ruines de l'église en une forteresse d'où ils tiraient sur nos troupes. Il fallut achever à coups de canon sa destruction ; seul, un pan de mur se dressa longtemps vers le ciel. Les français tenaient solidement Tilloloy et l'ennemi ne put jamais y pénétrer. Après trois semaines de combats acharnés, le front se stabilisa à la lisière de Dancourt et de Popincourt, à l'entrée du parc de Tilloloy et dans la partie occidentale de notre village ; notre infanterie occupait le hameau du Cessier et le bois des Loges. La ligne inclinait ensuite vers le sud de Lassigny et Ribécourt. « Modestes demeures de paysans, » écrit l'auteur des Allemands dans la Somme, « somptueuses habitations de familles historiques, reliques d'époques créatrices de beauté, écoles modernes, orgueil des temps nouveaux, mêlent leur poussière dans un même anéantissement. »
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Le sacrifice total du florissant village de 1914, courageusement accepté, et la belle attitude de ses habitants au milieu de la mitraille méritaient d'être exaltés devant l'armée et le pays tout entier. Le ministre de la guerre André Lefèvre l'a compris en décernant la croix de guerre avec palme, par arrêté du 30 octobre 1920, à cette commune et à huit autres du Santerre : Situées, écrivait-il, en pleine zone de feu pendant la guerre, ont été totalement détruites tant par les combats acharnés dont elles ont été les témoins en 1914 et 1918 que par de violents bombardements. N'ont cessé de montrer dans les épreuves et sous les obus, les plus belles qualités morales, méritant ainsi la reconnaissance du pays.

Le texte complet consacré à la Grande Guerre à Beuvraignes peut-être consulté en suivant ce lien.

 

L'association Patrimoine de la Grande Guerre a réalisé une page au sujet du Bois des Loges comprenant notamment deux vues du Bois des Loges pendant la Grande Guerre.

Notons également un autre article sur le sujet dans le bulletin N° 58 (avril 2003) de la Société archéologique et historique de Boulogne-Conchy-Hainvillers et alentours sous la plume de Michel Dufour. On y lit notamment :

• A l'avenir, 2004 en principe, ce bois fera partie du circuit historique avec les autres sites (ferme Laroque, St Claude, Plessis-de-Roye, Ecouvillon, Verlot,...)

• Un livre sera édité dans le but d'expliquer et de ne jamais oublier l'histoire de notre Liberté.

Ce cimetière miliaire a été créé en 1914/1915 à la suite des combats du Bois des Loges comme l'atteste le registre :

« Nécropole Nationale de Beuvraignes
Création: 1ère guerre mondiale, Combats du Bois des Loges, 1914-1915 »